Torheck,
Sciences et Avenir, je crois, le magazine scientifique (janvier 2012).
Je vais réagir fraternellement sur votre passé douloureux et votre interrogation de fond dans la mesure où ils sont liés.
Votre intuition et vos corrélations sur le plan physiologique vous appartiennent et sont mises à l'épreuve par de nombreux spécialistes avant-gardistes (pour notre époque - ils sont très en retard et ignorants en regard d'autres civilisations mourantes ou éteintes). Je vous encourage à poursuivre dans cette voie si vous éprouvez le besoin d'écouter votre corps et d'apprendre à le respecter, en orientant vos recherches sur des sujets aussi passionnants que les liens entre groupes sanguins et régimes alimentaires.
Maintenant, sur le fond, à moins d'en avoir cruellement besoin, l'important n'est pas véritablement qu'on vous dise "surdoué", atteint d'un syndrome quelconque ou pas. On remarque au passage l'utilisation du mot "syndrome d'Asperger" au lieu de "spécificité/singularité d'Asperger" lorsqu'il s'agit de définir un critère nouveau ou minoritaire au sein d'une population, alors même que nous ne savons pas vraiment ce que vient apporter cette nouvelle désignation médicale. La résultante d'inadaptation sociale potentielle inquiète sans doute, devinez pourquoi. A techniciser médicalement de la sorte, l'instinct maternel ou la passion indéfectibles qui habitent nombre individus toute leur vie sont d'ici 50 ans le fait de syndromes lorsque notre société aura achevé son ascension totalitaire.
Bref, un "spécialiste" en "diagnostic" quelconque pourra vous présenter une réponse positive comme salutaire, l'important, c'est que vous preniez conscience de vos différences, les acceptiez au moins temporairement comme constitutives de votre personnalité et les cultiviez (afin de les explorer et d'en tirer le meilleur parti avec le temps).
Gardez à l'esprit que si beaucoup se sentent positivement changés après un "diagnostic", ce n'est pas le fait du chiffrage du QI/QE ni de la confirmation justificative de ce qu'ils sont censés être, mais celui de l'acceptation de soi comme être atypique, non-conventionnel, c'est-à-dire différent de ce que Conche appelait "l'être collectif".
Vous ne vivrez pas pleinement votre singularité d'individu si vous n'appréhendez pas intuitivement (au sens Schopenhauerien du terme) ce qui vous rend unique et, pour cela, il faut s'affirmer en écoutant aussi son cœur. Car la question de la douance appliquée à soi est pour la plupart encore un prétexte à s'ignorer par le biais d'un jeu intellectuel pervers tout en sollicitant une autorité dont le double-objectif sera d'assumer pour eux ce qu'ils sont (on touche là du doigt au problème parental que vous évoquez) et d'effacer cette réalité que l'absolu en tout domaine est une anguille.
Vous devez simplement vous disposer à catalyser les manifestations de votre différence lorsqu'elles se présentent (suivant la névrose, ça va de quotidiennement à malgré soi quand les circonstances émotionnelles l'imposent) sans tomber dans des problématiques d'égo, c'est-à-dire vous leurrer sur la valeur objective de votre existence. Je ne doute pas que vous fassiez de bons choix (j'entends "conformes à votre différence") dans votre vie mais peut-être vous posez vous trop de questions et vous méprenez-vous sur l'importance du jugement et de la perception qu'ont vos parents ou d'autres sur votre personne.
Bien que nous puissions nous élever au divin, nous ne sommes pas des dieux et nous devons mener notre vie en gardant cette évidence difficile à l'esprit. Relativisme intuitif et non intellectuel.
J'espère que mon propos vous aide. Au revoir ou adieu, c'est selon.